


Des sœurs à Vancé
Les trois sœurs franciscaines sont installées dans la petite commune sarthoise de Vancé, berceau de leur congrégation. Elles y vivent un quotidien paisible, au plus proche des habitants du village, tentant de rompre la solitude.
Sœur Anne attend au portail de la petite maison du bourg de Vancé. Cette octogénaire dynamique connaît le village comme sa poche et ses habitants aussi. Elle salue la plupart des voitures qui traversent la rue principale appelée Virginie-Vaslin. Sœur
Anne, 81 ans, fait partie de la congrégation des Franciscaines servantes de Marie depuis plus de soixante ans. Elle a été placée dans la bourgade il y a douze ans. Et chaque matin, depuis douze ans, elle fait le même trajet jusqu’à la croix située sur les hauteurs. Par tous les temps. « J’y ai une pensée pour tous les habitants du village, surtout ceux en souffrance. »
Selon les dernières données de l’Insee, Vancé compte 322 habitants. « Surtout des personnes âgées », précise Colette. La sœur est arrivée plus récemment dans la commune, en 2021. Originaire de Bessé-sur-Braye, à 10 kilomètres de là, la religieuse prend soin de ses semblables, qu’elle visite presque quotidiennement. « Chaque soir, on passe chez un monsieur qui vit seul. On l’a déjà retrouvé par terre après une chute. C’est une question de sécurité et ses enfants sont rassurés. »
Si la solitude est un mal qui ronge beaucoup de personnes âgées, les trois sœurs assurent que la vie à Vancé ne lui laisse que peu de place. « Les gens vont à la boulangerie pour se rencontrer », explique sœur Anne, installée à la table de la salle à manger de leur petite maison décorée modestement. « Dans un village, les gens se prennent un peu plus en charge les uns les autres », abonde sœur Colette, qui visite chaque semaine les personnes âgées de l’Ehpad de Bessé-sur-Braye.
Marie-Dominique, 83 ans, pondère leurs propos : « Ce n’est pas un mot exprimé par les personnes, ils n’en parlent pas. » Cela ne veut pas dire que ça n’existe pas. Dans le milieu rural, la pudeur est toujours de mise. Les trois religieuses tentent de briser cet isolement en passant plusieurs fois par semaine chez quelques Vancéens. « Ils nous partagent leur vie, nous posent des questions… On parle de ce qu’ils souhaitent. » Marie-Dominique joue au Scrabble avec l’un d’eux chaque semaine. « Quand j’ai été placée là, je me suis vraiment demandé ce que j’allais pouvoir faire dans un si petit village. » Finalement, les journées sont bien chargées pour l’ancienne missionnaire qui a vécu dix-neuf ans à Madagascar et treize ans au Tchad.
« Il y a tout de même moins de contacts. » L’octogénaire ouvre l’église de Vancé chaque matin et la ferme chaque soir. Elle y constate souvent qu’il y a eu un peu de passage. « Les gens remplissent le livre d’or et mettent des bougies. » Si elles vont à l’église chaque jour ? La question les fait sourire. « Non », répond l’une d’elles. Toutefois, elles prient toutes trois deux fois par jour dans le petit oratoire de leur maison.
Il y a trois messes locales chaque année à Vancé. Les autres se déroulent à Bessé-sur-Braye. Les trois sœurs y ont d’ailleurs observé un phénomène nouveau : « Des jeunes couples parisiens avec plusieurs enfants viennent à la messe et les font se mettre à genoux par terre, à même le ciment, pour faire le signe de croix et des prières. » Une pratique qui surprend sœur Anne. « Quel fossé entre ma génération et celle-ci ! C’est une pratique très ancienne. Je me sens en décalage par rapport à eux. Ce n’est pas ma manière d’exprimer ma foi. »
Sœur Marie Dominique, Colette et Anne pourraient faire partie des dernières sœurs de Vancé. Les jeunes femmes prêtes à vouer leur vie à Dieu sont de moins en moins nombreuses. « On ne pourrait pas les placer ici pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de travail. » En attendant, Marie-Dominique, Anne et Colette continueront de rendre visite aux habitants de Vancé.
La congrégation des Franciscaines servantes de Marie place des sœurs à Vancé depuis trente ans. Sur dix-sept villages de Sarthe où elle est présente, c’est cette toute petite commune qui accueille les religieuses. « Ce n’est pas le fruit du hasard », sourit sœur Colette, l’air espiègle. C’est Marie-Virginie Vaslin, baptisée à Vancé en 1820, qui a créé la congrégation et voué sa vie à aider les enfants et jeunes filles pauvres des campagnes. Le groupe religieux s’est ensuite installé au Tchad, à Madagascar et en Inde, où les sœurs se sont rendues en décembre 2024 pour fêter les 90 ans de présence de la congrégation dans le pays.
Dans la Sarthe, il existe dix-huit autres congrégations selon le site internet du diocèse. Toujours selon le diocèse, la Sarthe compte quatre congrégations d’hommes, composée d’environ 70 religieux et quinze congrégations de femmes, regroupant environ 170 religieuses
Au village de Vancé, une rue porte le nom d’une femme : Virginie Vaslin : 1820-1873. Au N° 8 de cette rue, vit une communauté de trois sœurs Franciscaines Servantes de Marie.
Pourquoi des sœurs à Vancé ? Les Vancéens ont depuis toujours désiré la présence des sœurs dans leur village, comme si Marie Virginie leur appartenait un peu, témoin, un courrier daté de 1932 adressé à la supérieure générale pour demander que les sœurs viennent à Vancé, l’emplacement de la maison était déjà trouvé.
Toutes les sœurs de la Congrégation, des différents pays où nous sommes présentes sont aussi attachées aux lieux où notre Fondatrice Marie Virginie a vécu :
La maison de ses parents à la cave du Pèle. Le Vivier, lieu de sa naissance. L’église, témoin de son baptême et de sa prière. La Loutière, rappel de ces années de vie de bergère, d’employée, où a germé le désir de rendre aux autres ce que Madame Dagoreau a fait pour elle : « Vous verrez madame quand je serai plus grande je rendrai aux autres ce que vous me faites ». La maison des Gruau qui l’a vu servir comme domestique : maison aujourd’hui démolie à l’angle de la rue du Vallon, près du lieu de repos. La Joubardière, le Pâtis, lieu où elle accueillait toutes les personnes en situation de détresse, aujourd’hui à côté du calvaire. A l’ambulance de Vancé où elle répond à la demande du Maire de venir soigner les blessés durant la guerre de 1870.
Présence des sœurs à Vancé de 1962 à 1972. Puis après quelques années d’absence, lors du départ des sœurs de la maison de Retraite de la Chapelle Gaugain en 1994, les sœurs de toute la congrégation ont souhaité revenir au pays natal de leur Fondatrice. C’est le 8 octobre 1995, que fut inaugurée la nouvelle maison en présence de Monsieur le Maire : Rémi Huger et du Père Antoine, curé du village. La question était : Que vont faire les sœurs dans ce petit village ?
Etre simplement une présence fraternelle au milieu du village, relation de voisinage, d’amitié, dans le respect et l’accueil de chaque personne, joie des petites rencontres, de faire un brin de causette, parfois avec une tasse de café, participer tout simplement comme citoyenne à la vie du village dans le partage des joies, des soucis, des souffrances. Dans l’attention et visites aux personnes les plus isolées et malades.
Nous sommes là aussi pour prier avec vous, à l’église, au moment des célébrations, des obsèques. Vous êtes là présente lorsque rassemblées dans notre lieu de prière, matin, midi et soir : nous présentons à Dieu toutes les intentions du monde et de l’Eglise, les joies, les soucis, les peines de toutes les familles du village, et des environs, de tout le secteur.
Depuis notre arrivée en 1995, beaucoup de sœurs ont vécu à Vancé, toutes en garde un profond souvenir.
Aujourd’hui la communauté est composée de sœur Marie Elisabeth originaire du Loir et Cher, de sœur Colette originaire de Bessé, son papa est né à Vancé, de sœur Anne originaire du Nord de la Bretagne. Toutes les trois retraitées, nous faisons partie des « Ainés du village ».
Sœur Colette fait partie de l’équipe Pastorale de Bessé – Saint Calais : 17 villages, et est chargée plus spécialement de l’accueil des familles en deuil, et des obsèques sur tout le secteur, donc souvent sur les routes.
Sœur Marie Elisabeth est plus en lien avec la Maison de Retraite de la Chapelle Gaugain et visites les personnes les plus isolées.
Sœur Anne, que vous croisez souvent sur les chemins…
Par ce message nous vous redisons notre joie d’être avec vous.
Vos sœurs de Vancé